Entretien avec Cendrine Vanderhoeven



“ Il faut comprendre que la valorisation de soi et de notre corps se fait par ce qui nous a été transmis ”

Cendrine Vanderhoeven est sexologue, conférencière et formatrice. Elle est la créatrice de deux formations :
« Sororité infinie » destinée aux professionnels de soins,
et « sororité intime », destinée aux femme.x.s.

C’est une ode à la féminité qu’elle nous présente, dans cette interview, avec une joie de vivre et une positivité incroyable.

Janvier 2021  ◊  Par Victoria ◊  lire, entretien, sexualité  ◊ lecture : 13 minutes


Pouvez-vous présenter votre parcours à nos lecteur.rice.s et quelles sont les problématiques que vous avez rencontrées et qui vont ont menées au bien-être féminin ?

Je suis sexologue depuis une dizaine d'années. J’ai fait des études de sage-femme. J'étais déjà à l’époque interpellée de voir des femmes qui ne connaissaient pas leur corps et qui n’arrivaient pas à rentrer en connexion avec celui-ci. On ne parlait pas de sexualité en tant que telle. Je ressentais de leur part une méconnaissance du corps et de soi : les femmes n’osaient pas toucher leur corps. Je trouvais qu’il y avait quelque chose qui n’appartenait pas aux femmes. Par exemple, durant mes études, je notais un grand pouvoir médical sur le corps de la femme (sur la contraception ou sur la prise en charge de la grossesse). À cette époque, il n’existait pas encore les mouvements actuels de sages-femmes. Il y avait alors comme un grand pouvoir absolu qui expliquait ce qu’il fallait faire et comment il fallait le faire. J’ai été également amenée à travailler en planning familial et j’ai notamment accompagné des interruptions de grossesse. Je remarquais que les trois quart des femmes étaient sous pilule car c’était la contraception la plus aisément prescrite. Beaucoup d’entre elles ne savaient pas quels pouvaient être les effets de la contraception sur leur corps. Qu’est que le cycle d’une femme ? Quels sont les moments où notre cycle est prêt pour tomber enceinte ? Ces questions n’étaient pas non plus posées. Il y avait aussi une autre réalité flagrante qui était un pouvoir très genré dans le rapport hétérosexuel homme/femme où certaines femmes étaient laissées pour compte par leur partenaire. La femme devait se débrouiller seule de l’interruption de grossesse. Peu d’hommes accompagnait leur partenaire durant l’avortement, alors que c’est tout de même quelque chose qu’ils ont fait à deux. Toutes ces choses m’interpellaient quotidiennement et je sentais qu’il me manquait des éléments pour pouvoir accompagner au mieux ces femmes ou les couples qui se présentaient à moi.


Qu’avez-vous alors décidé de faire ?

J’ai décidé de faire un master en science de la famille et de la sexualité. J’ai compris la nécessité de se repositionner dans l’Histoire et notamment dans l’histoire du couple, de la famille et de la sexualité. Est-ce que cette dernière a changé à travers les époques et par quoi est-elle influencée ? Comment à travers cette sexualité la femme se définit ? On parle essentiellement des aspects sociaux, politiques et de l’accès genré au travail. L’aspect de la sexualité est fortement caché, alors que cette dernière nous est pourtant à tous et toutes commune - même si elle ne nous est pas identique. La violence genrée n’est pas seulement sociale, mais elle existe aussi dans l’intimité des relations hétérosexuelles. La femme et l’homme se construisent dans nos sociétés à des niveaux différents : on valorise le sexe masculin dès la naissance. On le décrit par des mots positifs, amusants ou valorisants. J’exagère le trait, mais on va plus souvent s’extasier devant le petit garçon en disant : « le petit zizi, regarde, qu’il est mignon ». Quant au contraire, pour la petite fille on va moins s’extasier. On ne va jamais entendre : « comme elle est belle la petite zezette ». Ceci est important à souligner car la valorisation de soi et de notre corps se fait par ce qui nous a été transmis. J’ai des patientes mères qui réalisent que si leur petit garçon se touche elle va se dire que c’est mignon, cependant si sa petite fille met la main dans son entrejambe, elle lui dira d’arrêter. Alors que cette petite fille n’est pas du tout occupée à avoir un acte sexuel avec elle-même, elle est juste occupée à se découvrir. À cet âge, mettre la main dans sa culotte est comme mettre sa main dans sa bouche. Mais quand il s’agit d’une petite fille, on va dire que c’est sale et qu’il ne faut pas le faire. Dès petite fille, le regard porté sur son sexe sera négatif et dévalorisant. Il sera porté un interdit sur la découverte. La nature a fait que nos organes sont plus discrets et cachés, il faudrait d’autant plus valoriser cette découverte. Les petits garçons sont dans l’immédiateté. Ils peuvent voir, repérer et observer leur sexe. La fille est moins en contact avec son sexe car il n’y a pas cette immédiateté visuelle. C’est pourquoi pour moi il faudrait valoriser cette connaissance de soi car notre sexe est naturellement discret et on devrait y être d’autant plus attentif.  

La santé sexuelle est définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un « état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en matière de sexualité, ce n’est pas seulement l’absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité. La santé sexuelle exige une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles agréables et sécuritaires, sans coercition, ni discrimination et ni violence. Pour atteindre et maintenir une bonne santé sexuelle, les Droits Humains et Droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et réalisés ».
En quoi peut-on aujourd’hui dire que les femme.x.s n’ont pas accès à cette santé sexuelle définie par l’OMS et comment l’expliquez-vous ?

Les femmes ne sont pas égales aux hommes dans l’accès aux droits humains de base qui sont l’accès aux droits sexuels. Les droits sexuels n’existent pas en tant que tels mais ce sont les droits humains repris dans la sexualité. Les femmes n’ont pas accès à la santé sexuelle et au bien-être sexuel car les droits humains ne sont pas appliqués. Les droits humains exigent un droit à l’éducation. Le droit à l’éducation sexuelle peut être une connaissance intrinsèque de soi à soi : connaître son corps en apprenant à le toucher, par exemple. Les femmes n’ont pas accès aux savoirs des livres (savoir de quoi est composé anatomiquement notre sexe, par exemple). Ce droit à l’éducation, ce droit au savoir, le droit de se connaître pour le moment n’est absolument pas mis en place pour les femmes. De plus, chaque pays, au niveau juridique, donne le droit à chaque individu d’accéder à une reconnaissance de la justice notamment par rapport à la violence. Aujourd’hui, les femmes n’ont pas accès à ce droit. Au temps du Moyen-âge et des sorcières, les femmes avaient une certaine connaissance de leur pouvoir. Elles étaient souvent des sage-femmes et accompagnaient les jeunes filles dans leurs menstruations ou dans leurs grossesses. Il y a ensuite eu un basculement qui a amené une volonté de prise de pouvoir du côté médical : dans les universités, le pouvoir absolu était détenu par les hommes. On a brûlé ces sorcières, ces femmes détentrices de savoir (sur les plantes, sur le corps des femmes,…). Le savoir qu’elles détenaient n’était pas considéré comme un savoir scientifique, valorisé par nos sociétés actuelles. Il y avait donc une volonté d’enterrer l’autonomie féminine par une valorisation du scientifique. Je pense également au clitoris. Il renaît véritablement de ses cendres. On en parle enfin dans sa totalité. Il avait été repéré par des hommes scientifiques durant les 16e et 17e siècles. Puis, il a ensuite totalement disparu. On a enfermé les organes féminins dans un simple rôle de reproduction. Donc, on a mis de côté le clitoris, seul organe du plaisir. On a effacé le clitoris des livres de médecine car on considère que le sexe d’une femme ne sert qu’à enfanter pour faire persister une communauté. Il n’est absolument pas question de savoir « est-ce que tu te connais, est-ce que t’as le droit au plaisir ou pas, est-ce que tu veux ou tu veux pas ». Notre sexe ne sert qu’au masculin et qu’à la communauté dirigé par le masculin. Je ne me pose pas en tant que destructrice du masculin, mais l’idée est de retracer l’Histoire. Le fait que le clitoris a été effacé des livres est une réalité historique, le fait qu’on a brûlé les femmes détentrices de savoir est un fait historique. L’idée n’est absolument pas de dire « à bas les hommes ». Ce serait inadéquat. Il serait au contraire intéressant de savoir comment créer une alliance entre les femmes et les hommes et entre nos deux intelligences. Mais pour arriver à cette alliance, il y a un long chemin à faire qui est d’apprendre à se connaître soi.


Pour apprendre à se connaître soi, vous avez créé deux formations : « sororité intime » qui est destiné aux femmes. Vous avez également imaginé « sororité infinie » qui est adressé aux personnels de soins. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ces programmes ?

Je crée avec les femmes qui viennent me consulter une alliance féminine : nous allons être deux femmes qui allons parler de sexualité, sujet sur lequel il existe peu d’espaces disponibles. On va autant parler de ce qui ne va pas dans la santé sexuelle de la personne que de ses pensées, ses croyances et des origines de ces dernières. Nous pouvons aussi parler de l’éducation, des stéréotypes, de ce que l'on voit dans les films. C’est une discussion, un échange socratique*, une invitation à la découverte de soi. Je peux partager mes connaissances et savoirs, mais je sais cependant que la personne qui est en face de moi a déjà des compétences et c’est à moi, par notre échange, d’aller retrouver ces compétences que la personne elle-même va pouvoir mettre au service de sa féminité, de sa sexualité et sensualité. Je donne chaque semaine des mini dossiers qui sont alimentés de réflexions, d’analyses et de savoirs qui peuvent amener ensuite à des prises de conscience. Ces dossiers abordent des questions comme: qu’est-ce que la femme ? Qu’est-ce que la santé sexuelle ? Quels sont les droits humains ? Quels sont les impacts de la société ?

Puis, j’ai créé « Sororité infinie », car je suis très fâchée contre notre système de santé belge où il est clair que ce sujet est encore tabou et honteux. Alors que je pense qu’on ne peut plus être aujourd’hui dans le soin de l’individu sans intégrer à un moment donné cette réalité intime et sexuelle car chaque individu est construit en fonction de l’intime. Et cette construction sera différente selon que l’on soit une fille ou un garçon. Comment peut-on être à la pointe de la médecine sans qu’aucun soignant n’ait idée de ce qu’est la santé sexuelle ? J’ai donc construit un programme destiné aux personnels de santé. Je souhaiterais que dès qu’une personne est professionnellement dans le soin de l’autre, qu’elle soit consciente des nouvelles portes qu’elle peut ouvrir. Au lieu de faire les autruches on ferait mieux d’avoir des personnels de santé formés à cette santé sexuelle. On sait aujourd’hui que des violences intimes et sexuelles peuvent avoir des répercussions au niveau neurologique ou immunitaire. Parfois, le professionnel de santé peut soigner un symptôme pendant des années mais il n’a pas la capacité - car il n’a pas été formé (je ne jette pas la pierre aux professionnels) - d’aller voir un peu plus loin que ce symptôme donné. Ce dernier peut-être lié à quelque chose qui se trouve ailleurs: par exemple, dans la sexualité. Avec un généraliste, on ne parlera pas de violences domestiques ou sexuelles. La femme n’osera pas aborder le sujet et le généraliste ne posera pas non plus la question. Il faut que les personnels de santé donnent aux femmes la connaissance de leurs corps. Les femmes doivent certes s’autoriser elles-mêmes à se toucher et à se rencontrer, mais avant ça, une transmission de savoirs et de mise en confiance doit être mise en place. Nous avons perdu, dans nos sociétés occidentales, le sens de la communauté et de la transmission. J’aimerais qu’il existe des groupes de parole où on pourrait voir des regroupements de femmes. Une femme qui détiendrait un certain savoir médical, qui saurait comment fonctionne le désir (d’où il vient et pourquoi parfois il s’en va ?) ou qui aurait des astuces pour savoir comment améliorer le plaisir, et qui pourrait partager ses connaissances à d’autres femmes. L’idée serait d’intégrer le scientifique aux compétences et connaissances dont nous disposons déjà chacune en nous-mêmes. J’aimerais que l’on puisse intégrer des savoirs différents et ne pas dire que le scientifique prédomine sur les autres.

*Le dialogue socratique a pour but d’amener les interlocuteurs à s’interroger sur leurs opinions et leurs croyances et par là à s’interroger sur eux-mêmes, c’est-à-dire sur le sens de leurs pensées et de leurs actions.


Il est vrai que les femmes parlent peu entre elles.

Il y a très peu d’échanges, en effet. Le seul moment où l’on parle de sexe c’est sous forme de boutades. Évidemment, il faut rigoler de sexe comme il faut rigoler de tout. Mais il faut dépasser ce stade. Selon moi, il manque un savoir scientifique aux femmes pour les faire accéder au bien-être intime et sexuel et donc à la connaissance de soi. Mais ces savoirs, il faut les transmettre. Je ne comprends pas pourquoi un médecin généraliste n'explique pas à sa jeune patiente qu’elle sera bientôt réglée. Il pourrait discuter avec elle de « qu’est-ce que son cycle, d’où proviennent ces règles et pourquoi ? » Non, il faut au contraire qu’on pense que ce cycle est douloureux et qu’il fait des taches sur les culottes et que cela est sale. Alors qu'il faudrait tellement discuter de cela sur le ton de la valorisation et dire « tu vas avoir tes règles, et bien c’est génial. Cela veut dire qu’elles vont te transformer. Tu deviens une femme, c’est normal et c’est beau».

De nouveau, dans tout ce qui est féminin, on pose d'abord un regard négatif. Nous disposons toutes d’une mémoire collective. Il faudrait donc discuter de cette réalité sexuelle et la mettre en avant. Pour cela il faudrait qu’il existe des espaces d’échanges et de discussion où une femme dira telle chose et une autre demandera si cela a du sens ou non. Car il n'y a aucune vérité. Le but étant de trouver si cela a du sens ou pas. Un sens pour soi, surtout. Pour que rien ne soit fait dans l’obligation ou dans le non consentement. C’est prendre distance avec son éducation et ce qu’on a pu entendre de sa propre mère ou grand-mère. Qu’est-ce qui fait sens pour moi ? Et on se fiche de savoir s’il fait sens pour les autres. C’est donc oser s’affranchir et donner une place à l’individualité.


Cela peut être difficile pour certaines femmes ?

Oui, mais ce qu’il faut aussi dire à toutes les femmes c’est qu’elles sont capables de résilience quelle que soit leur histoire. J’ai honnêtement entendu des histoires absolument atroces de castration féminine, car nous sommes dans un monde de castration féminine. Mais les femmes ont des ressources qu'elles n'imaginent pas. Je suis parfois ébahie de la force extraordinaire des femmes. Mais parfois, elles ont besoin que quelqu’un qui leur soit extérieur leur dise. Les femmes ont peu confiance en elles car elles disposent de peu d’outils pour accéder à cette confiance.


Quels outils justement leur donnez-vous dans votre formation « sororité intime » ?

J’ai développé un exercice qui est la respiration vaginale pour que la femme puisse apprendre à être dans son corps. Les femmes sont souvent à l’extérieur d’elles-mêmes par l’esthétique: « quel est le regard de l’autre sur moi ? ». Elles habitent peu leur corps. Je leur apprends à être en contact avec leur propre corps, connaître l’énergie de celui-ci et à savoir comment il bouge et s’exprime. Je les amène à connaître cette intériorité féminine que chaque femme dispose. Par la respiration que j’amène petit à petit jusqu’à la respiration vaginale, la femme est alors de nouveau active. Car la femme se voit toujours comme passive. L’idée inconsciente est « j’ai un vagin qui est pénétré et donc je ne peux que recevoir ». Et bien là non, elle va pouvoir être pleinement active et être dans son corps, à son écoute, à la découverte du périnée. J’utilise comme deuxième exercice le dessin où je vais montrer à la femme où sur l’ensemble de son corps se joue sa dynamique sexuelle. Chaque femme est une carte au trésor. Mon but, dans mon programme, c’est de pouvoir aider et soutenir chaque femme à leur rencontre de leur carte au trésor. Mais je tiens à préciser que chaque femme réalise son propre cheminement personnel. Il faut aller déceler tous les petits chemins de traverses (du corps et du génital) pour les amener vers le trésor qu’elles souhaitent. Il n’y a pas de carte au trésor imposée. On voit qu’il y a des choses de plus en plus imposées à la sexualité féminine. Mon programme sert aussi à questionner les évidences. Par exemple, la fellation est presque imposée. La femme ne se pose plus du tout la question « est-ce que je le fais ou pas ? Est-ce que je veux ou pas ? ». C’est pourquoi il faut mener les femmes à la connaissance de leur corps et à des éléments qui leur ont été cachés et qui n’ont pas été mis à leur portée. En se connaissant et en se questionnant elles pourront se repositionner en tant qu’être humain égal à l’autre humain avec qui elles partagent une sexualité. C’est en se connaissant soi que la femme pourra apprendre à s’habiter et à s’intérioriser. Elle peut ainsi faire briller ses compétences et retrouver l’équilibre.  Ainsi, en « sachant » elle pourra se dire qu’elle ne doit rien à l’autre au niveau de la sexualité et de son intimité. La sexualité et l’intimité doivent être dans une dynamique de plaisir partagé, d’égalité, et non dans une relation de pouvoir. Au niveau de la sexualité, il y a une énorme asymétrie genrée de pouvoir. Mais comme on ne parle pas de cela, on ne sait pas. Et tant qu’on ne va pas parler de la santé sexuelle aux professionnels de santé, rien ne bougera.

                                                                          ©Paulynka Hricovini

Comment vous adressez-vous aux personnels de santé dans votre programme « sororité infinie » ?

Je transmets quelques-uns de mes outils aux personnels de santé, je leur explique comment les utiliser. Mais surtout je leur rappelle leur légitimité et leur devoir en tant que soignant d’aborder à un moment donné l’intimité des femmes lors de leurs rendez-vous. Je leur donne les outils pour savoir comment l’aborder. Je fais en sorte que les soignants réalisent à quel point il est incontournable d’oser poser la question de l’intime et de la sexualité. En sachant, bien sûr, que la personne en face à le droit de dire qu’elle ne souhaite pas répondre à la question. Mais même si elle ne répond pas, elle prend le pouvoir. Même si la patiente dit non, elle a au moins entendu la question posée et peut donc comprendre que le sujet n’est plus tabou. L’idée n’est pas d’obliger la femme à parler mais de lui laisser la liberté et la place d’oser aborder le sujet.

J’explique dans la formation qu’elles peuvent être les répercussions d'un mal-être intime. Un tel mal-être peut avoir des répercussions sur la santé sociale, corporelle, psychologique et/ou relationnelle. Ainsi en comprenant et en sachant cela ils comprennent leur légitimité et leur devoir de faire quelque chose. Au moins ils peuvent aborder le sujet. Bien sûr, ils ne deviennent pas des sexologues. Chacun son métier et sa spécificité. Mais le tout est d’accepter d’aborder le sujet et d’oser l’accueillir. Si tous les soignants amènent le sujet de la santé sexuelle, les femmes vont commencer à délier encore plus leurs langues. Elles pourront enfin se dire que leur sexualité fait bien partie de leur bien-être. Et si un médecin pose la question, c’est qu’elles y ont le droit. C’est aussi donner aux femmes un espace pour déposer le sujet et où elles pourraient se référer à quelqu’un. J’aide donc les professionnels à ne pas être perdu si quelqu’un parle d’une possible violence sexuelle. Pour les généralistes, aujourd’hui, on ne donne que quelques heures de séminaire sur les violences domestiques. Un professionnel qui n’a pas été formé se dit effectivement « je fais quoi avec ça maintenant ». Cette formation permet alors de savoir comment aborder le sujet de façon délicate et respectueuse.


Êtes-vous témoin à travers votre métier d’une souffrance féminine ?

J’ai accès effectivement à l’envers du décor. Je vois les souffrances à travers ce que me disent les femmes. Il y a une universalité de la féminité blessée. Ceci m’a été mis en lumière par les femmes excisées que je soigne. Mais tout ce que je dis aux femmes excisées qui me consultent, je le dis aussi aux femmes qui n’ont pas subies l’excision. Il y a évidemment des adaptations à faire dans l’histoire de chacune et chez les femmes excisées. Mais j’apprends que les femmes doivent se réappproprier leur féminité. Elles doivent oser aller vers la connaissance de soi à travers certains savoirs partagés par une sexologue ou quelqu’un d’autre, et à travers leurs propres compétences et connaissances. Les femmes elles-mêmes sont capables de guérir. Refaisons simplement renaître toutes les sorcières qui sont en nous.

Pour aller plus loin et découvrir un peu plus les formations proposées par Cendrine, je vous propose de jeter un oeil sur son travail : www.cendrinevanderhoeven.com

En vous souhaitant une belle découverte de votre intimité féminine !

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