Le soutif et la petite graine




Au travers d’un objet, iels vous raconte leur éveil féministe.

Janvier 2021 ◊ lire, objet, opinion, dossier#1 ◊ Par Shirine

C’est d’abord arrivé par hasard, sans réellement y penser. J’avais passé une bonne partie de mon été chez moi, en pyjama. Je n’avais donc aucune raison de porter de soutien-gorge. Puis la vie active a repris et j’ai réalisé que, après un mois à vivre sans, je n’avais aucune envie d’en remettre. C’était donc, au départ, un choix par souci de confort.

Rapidement, plusieurs femmes m’ont fait part de leur admiration. Pour elles, je faisais preuve de courage en osant ne plus mettre de soutien-gorge. Ces remarques récurrentes ont beaucoup alimenté ma réflexion. Alors que de nombreuses amies me confiaient à quel point elles détestaient porter des soutifs, elles se disaient toujours incapables d’avoir « l’audace » de ne plus en mettre. J’ai donc fait la triste constatation que, pour beaucoup, il semble plus facile de souffrir en silence plutôt que de se libérer de cette contrainte.

Comme de nombreux autres choix dans ma vie, l’expérience du « no bra » s’est faite naturellement, sans réflexion préalable, avant que je réalise sa symbolique féministe. C’est, au fil des années, en discutant avec d’autres femmes que j’ai réalisé à quel point nos corps étaient encore tabous et à quel point le fait de ne plus porter de soutien-gorge était une forme de « rébellion ».

Au-delà du confort, c’est le discours de certaines militantes qui m’a vraiment décidée à continuer le « no bra » et à en parler avec mes proches, car j’en ai réalisé l’importance. Ces femmes ont planté, en quelque sorte, une petite graine dans mon esprit qui a germé par la suite. Et à l’inverse, que ce soit en parlant du no bra autour de moi ou via d’autres actes, j’ai peut-être à mon tour planté une graine chez une autre femme, qui germera un jour.

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