Leïla Maidane
“Les 3 valeurs que je porte au quotidien : la justice, l'engagement et l’intégrité.”
Leïla Maidane
Aujourd’hui j’ai l’honneur de vous présenter Leïla Maidane, une femme belge de 30 ans née à Bruxelles. Elle a vécu au Canada mais aussi en Angleterre où elle a suivi une formation en Business et Finance pendant 5 ans. Elle devient par la suite responsable de recrutement, consultante informatique et puis CEO de Molengeek avant de se mettre à son propre compte en 2019. Leïla est la créatrice de BeGreator et de l’asbl Femmes fières : un écosystème entrepreneurial qui forme et accompagne les leaders de demain.
Juillet 2022 ◊ Par Mélanie ◊ lire, entretien, adelphité, dossier4Comment décrirais-tu tes métiers ?
Je développe plein de projets porteurs de sens : c’est ce que j’adore faire. Mes aptitudes principales sont d’innover et de créer. J’ai mes axes de focus, je ne travaille pas sur tout non plus. Ce que j’aime faire c’est de permettre à chacun.e de prendre sa juste place dans la société. Je parle beaucoup d’inégalités, ça peut être des inégalités de genre, inégalités au niveau du statut socio-économique,... Ce qui m’attire le plus et ce qui a pour moi le plus d’impact : c’est l’éducation et l’emploi.
Selon toi, l'entrepreneuriat a-t-il pour but de solutionner des problématiques sociales et/ou sociétales?
L’entrepreneuriat c’est pour moi la clef de la relance économique. Les entrepreneur.euses innovent et ce sont ces nouvelles solutions qui permettent d'amener une nouvelle dimension à tout ce côté sociétal de manière générale. L'entrepreneuriat aujourd’hui peut proposer des solutions innovantes pour réduire les inégalités. Pour moi, c’est définitivement une voie à creuser au niveau étatique. Par contre, par rapport au côté “émancipation économique” de l'entrepreneuriat, c’est plus compliqué. On sait qu’il existe des inégalités concernant l’accès aux financements, la fracture numérique,... On ne peut donc pas non plus pousser tout le monde dans cette voie. Je pense qu’il y a une multitude de profils qui correspondent à une multitude d’emplois.
Te considères-tu comme une militante? Que signifie ce mot pour toi?
J’ai fait toutes mes études en Angleterre et donc pour moi cela a une autre signification. Quand je suis revenue (en Belgique), j’ai vite compris que ce mot avait ici une connotation péjorative. Pour moi militer c’est agir, combattre, défendre activement. On pourrait me considérer comme militante car les projets que je mène sont porteurs de sens, je lutte au quotidien contre les inégalités et pour un monde plus inclusif et équitable. Mais pour moi aujourd'hui le mot vraiment une connotation négative au niveau sociétal et surtout dans la sphère médiatique. On va lier la juste cause de lutte à un aspect agressif ou violent. Moi par exemple, je vais rarement en manifestations, je mène un autre type de combat. Les solutions que je mets en place, c’est ma façon à moi de militer. Je suis convaincue qu’il faut de tout dans le militantisme : à travers de la sensibilisation, des formations, des solutions technologiques mais il faut aussi des gens qui font du bruit et qui secouent les choses. Il en faut, et ça a été à l’initiative de beaucoup de réformes sociétales.
As-tu comme projet de mettre en place des actions de promotion de l’entrepreneuriat féminin à l’étranger ? Peut-être en Angleterre ou au Canada ?
Bien sûr j’aimerais bien m'internationaliser, c’est une ambition et puis je vais un peu où le vent me mène. Mon travail, je peux l’exercer d’où je veux et l’équipe est 100% à distance. Que je sois à Lisbonne ou à Tokyo, je peux bosser. J’ai pour ambition d’aller découvrir d’autres contrées et puis pourquoi pas d’ouvrir pleins de Femmes Fières et de Begreator dans tous les pays !
Tu as lancé BeGreator” en août 2020 dont le principe est de mettre l’Intelligence Artificielle au service des citoyen.ne.s afin d’assurer l’accessibilité du marché du travail pour toustes. C’est donc un outil qui permet de lutter contre les discriminations à l’embauche, encore trop répandue en Belgique. Comment fonctionne cet outil en pratique ?
BeGreator c’est tout un écosystème. Le cœur de la mission de BeGreator est de permettre à chacun.e de prendre sa place. Comment on oriente ça ? On va développer des solutions innovantes à destination des talents et des entreprises pour faciliter la transition entre l’éducation et l’emploi, en permettant d’augmenter la participation de tous les acteurs dans le marché du travail.
Le premier produit à disposition des entreprises, leur permet de réduire la discrimination. On leur garantit que l’outil que l’on met à disposition est une technologie qui va leur permettre de screener, d’analyser le profil du candidat sur une base beaucoup plus objective et équitable. Les diplômes par exemple, on ne les prend pas en compte dans notre algorithme. Au niveau des recommandations de profil, il y aura une différence parce qu’on va réussir à mieux objectiver l’expertise des talents. Aujourd’hui c’est plus facile de valider l’expertise d’un jeune qui a un diplôme pour une entreprise car elle connaît le cursus suivi par l’étudiant.e. Par contre, quelqu'un qui sort du système et qui a un profil plus “atypique”, c’est plus compliqué pour elle de connaître ses aptitudes. Chez Begreator on va venir rééquilibrer ça, car ce n’est pas le diplôme qui fait l’aptitude.
Il y a aussi une partie diversité ; aujourd'hui de plus en plus d’entreprises lancent des stratégies de diversité mais elles n’ont aucun outil pour mesurer leur performance. C’est bien d’investir de l’argent là-dedans, on est sur une bonne voie. Mais, si on veut qu’il y ait un impact, il faut pouvoir mesurer les performances de notre stratégie et pouvoir l’améliorer. C’est une question de retour sur investissement. Le but, c’est d’aider à cette transition en valorisant l’expérience et l’expertise des candidat.e.s correctement, en les amenant sur le marché du travail. Ce qu’on voudrait mettre en place incessamment sous peu c’est aussi de l’accompagnement des talents pour les aider avant les interviews, les préparer. On sait que certaines personnes peuvent être très bonnes dans la technique tout en ne sachant pas “se vendre”.
Pour toi, quelle est la différence entre diversité et inclusion?
La diversité c’est une question de chiffre : c’est comment je te vois. Combien de femmes, combien de personnes asiatiques, combien de personnes avec un handicap etc. “Diversity is what you see” >< “Inclusion is what you seek”.
L'inclusion c’est ce que tu recherches, c’est un sentiment d’appartenance. Comment tu vas te sentir : accepté, valorisé. On lie souvent ça à un terme dans le recrutement qui est la rétention, si tu n’as pas d’inclusion tu vas avoir du mal à retenir tes candidat.e.s, ils ne vont pas se sentir bien, représenté.e.s, valorisé.e.s et iels vont partir. Le manque d’inclusion fait que tu as un problème de rétention au sein des employé.e.s même s' il y a pleins d’autres raisons. Pour moi, l'un ne va pas sans l’autre.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ? J’ai vu que tu faisais plusieurs allusions à Muhammad Ali, est-ce une figure que tu affectionnes particulièrement ?
C’est une personne qui n’a jamais douté de lui même, je trouve ça beau. Il n'a jamais fermé sa bouche quoi qu’il arrive, c’est un symbole de force et de croyance inégalable pour moi.
Mais il y en a tellement d’autres : Angela Davis, ma maman m’inspire aussi au quotidien.
Elle s’est battue toute sa vie pour nous. Infirmière, elle a galéré mais toujours avec le smile. Ma grand-mère m’inspire aussi. Elle a eu mon père à 15 ans et ne sait ni lire ni écrire ( encore aujourd'hui) mais parle français et arabe parfaitement . Pourtant, elle a élevé 5 enfants toute seule et de façon incroyable. Je leur en serai éternellement reconnaissante. Je n’ai pas un seul “role model”, je rencontre des gens au quotidien qui m’inspirent. Aurélie Mulowa (créatrice d’Entreprenoires) j’adore ce qu’elle fait, la force qu’elle met dans ses projets et l’énergie incroyable qu’elle propage. Mon équipe est hyper inspirante aussi, je puise mon inspiration de chaque être humain que je croise et qui propage une bonne énergie.
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Et pour Be Greator :
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Site
Merci beaucoup à Leïla pour sa disponibilité, son optimisme et sa motivation contagieuse. Merci de lutter pour un avenir meilleur pour toustes.
Je te souhaite pleins de belles choses pour la suite !
Adelphement vôtre,
Mélanie
Je développe plein de projets porteurs de sens : c’est ce que j’adore faire. Mes aptitudes principales sont d’innover et de créer. J’ai mes axes de focus, je ne travaille pas sur tout non plus. Ce que j’aime faire c’est de permettre à chacun.e de prendre sa juste place dans la société. Je parle beaucoup d’inégalités, ça peut être des inégalités de genre, inégalités au niveau du statut socio-économique,... Ce qui m’attire le plus et ce qui a pour moi le plus d’impact : c’est l’éducation et l’emploi.
Selon toi, l'entrepreneuriat a-t-il pour but de solutionner des problématiques sociales et/ou sociétales?
L’entrepreneuriat c’est pour moi la clef de la relance économique. Les entrepreneur.euses innovent et ce sont ces nouvelles solutions qui permettent d'amener une nouvelle dimension à tout ce côté sociétal de manière générale. L'entrepreneuriat aujourd’hui peut proposer des solutions innovantes pour réduire les inégalités. Pour moi, c’est définitivement une voie à creuser au niveau étatique. Par contre, par rapport au côté “émancipation économique” de l'entrepreneuriat, c’est plus compliqué. On sait qu’il existe des inégalités concernant l’accès aux financements, la fracture numérique,... On ne peut donc pas non plus pousser tout le monde dans cette voie. Je pense qu’il y a une multitude de profils qui correspondent à une multitude d’emplois.
Te considères-tu comme une militante? Que signifie ce mot pour toi?
J’ai fait toutes mes études en Angleterre et donc pour moi cela a une autre signification. Quand je suis revenue (en Belgique), j’ai vite compris que ce mot avait ici une connotation péjorative. Pour moi militer c’est agir, combattre, défendre activement. On pourrait me considérer comme militante car les projets que je mène sont porteurs de sens, je lutte au quotidien contre les inégalités et pour un monde plus inclusif et équitable. Mais pour moi aujourd'hui le mot vraiment une connotation négative au niveau sociétal et surtout dans la sphère médiatique. On va lier la juste cause de lutte à un aspect agressif ou violent. Moi par exemple, je vais rarement en manifestations, je mène un autre type de combat. Les solutions que je mets en place, c’est ma façon à moi de militer. Je suis convaincue qu’il faut de tout dans le militantisme : à travers de la sensibilisation, des formations, des solutions technologiques mais il faut aussi des gens qui font du bruit et qui secouent les choses. Il en faut, et ça a été à l’initiative de beaucoup de réformes sociétales.
As-tu comme projet de mettre en place des actions de promotion de l’entrepreneuriat féminin à l’étranger ? Peut-être en Angleterre ou au Canada ?
Bien sûr j’aimerais bien m'internationaliser, c’est une ambition et puis je vais un peu où le vent me mène. Mon travail, je peux l’exercer d’où je veux et l’équipe est 100% à distance. Que je sois à Lisbonne ou à Tokyo, je peux bosser. J’ai pour ambition d’aller découvrir d’autres contrées et puis pourquoi pas d’ouvrir pleins de Femmes Fières et de Begreator dans tous les pays !
Tu as lancé BeGreator” en août 2020 dont le principe est de mettre l’Intelligence Artificielle au service des citoyen.ne.s afin d’assurer l’accessibilité du marché du travail pour toustes. C’est donc un outil qui permet de lutter contre les discriminations à l’embauche, encore trop répandue en Belgique. Comment fonctionne cet outil en pratique ?
BeGreator c’est tout un écosystème. Le cœur de la mission de BeGreator est de permettre à chacun.e de prendre sa place. Comment on oriente ça ? On va développer des solutions innovantes à destination des talents et des entreprises pour faciliter la transition entre l’éducation et l’emploi, en permettant d’augmenter la participation de tous les acteurs dans le marché du travail.
Le premier produit à disposition des entreprises, leur permet de réduire la discrimination. On leur garantit que l’outil que l’on met à disposition est une technologie qui va leur permettre de screener, d’analyser le profil du candidat sur une base beaucoup plus objective et équitable. Les diplômes par exemple, on ne les prend pas en compte dans notre algorithme. Au niveau des recommandations de profil, il y aura une différence parce qu’on va réussir à mieux objectiver l’expertise des talents. Aujourd’hui c’est plus facile de valider l’expertise d’un jeune qui a un diplôme pour une entreprise car elle connaît le cursus suivi par l’étudiant.e. Par contre, quelqu'un qui sort du système et qui a un profil plus “atypique”, c’est plus compliqué pour elle de connaître ses aptitudes. Chez Begreator on va venir rééquilibrer ça, car ce n’est pas le diplôme qui fait l’aptitude.
Il y a aussi une partie diversité ; aujourd'hui de plus en plus d’entreprises lancent des stratégies de diversité mais elles n’ont aucun outil pour mesurer leur performance. C’est bien d’investir de l’argent là-dedans, on est sur une bonne voie. Mais, si on veut qu’il y ait un impact, il faut pouvoir mesurer les performances de notre stratégie et pouvoir l’améliorer. C’est une question de retour sur investissement. Le but, c’est d’aider à cette transition en valorisant l’expérience et l’expertise des candidat.e.s correctement, en les amenant sur le marché du travail. Ce qu’on voudrait mettre en place incessamment sous peu c’est aussi de l’accompagnement des talents pour les aider avant les interviews, les préparer. On sait que certaines personnes peuvent être très bonnes dans la technique tout en ne sachant pas “se vendre”.
Pour toi, quelle est la différence entre diversité et inclusion?
La diversité c’est une question de chiffre : c’est comment je te vois. Combien de femmes, combien de personnes asiatiques, combien de personnes avec un handicap etc. “Diversity is what you see” >< “Inclusion is what you seek”.
L'inclusion c’est ce que tu recherches, c’est un sentiment d’appartenance. Comment tu vas te sentir : accepté, valorisé. On lie souvent ça à un terme dans le recrutement qui est la rétention, si tu n’as pas d’inclusion tu vas avoir du mal à retenir tes candidat.e.s, ils ne vont pas se sentir bien, représenté.e.s, valorisé.e.s et iels vont partir. Le manque d’inclusion fait que tu as un problème de rétention au sein des employé.e.s même s' il y a pleins d’autres raisons. Pour moi, l'un ne va pas sans l’autre.
Quelles sont les personnes qui t’inspirent ? J’ai vu que tu faisais plusieurs allusions à Muhammad Ali, est-ce une figure que tu affectionnes particulièrement ?
C’est une personne qui n’a jamais douté de lui même, je trouve ça beau. Il n'a jamais fermé sa bouche quoi qu’il arrive, c’est un symbole de force et de croyance inégalable pour moi.
Mais il y en a tellement d’autres : Angela Davis, ma maman m’inspire aussi au quotidien.
Elle s’est battue toute sa vie pour nous. Infirmière, elle a galéré mais toujours avec le smile. Ma grand-mère m’inspire aussi. Elle a eu mon père à 15 ans et ne sait ni lire ni écrire ( encore aujourd'hui) mais parle français et arabe parfaitement . Pourtant, elle a élevé 5 enfants toute seule et de façon incroyable. Je leur en serai éternellement reconnaissante. Je n’ai pas un seul “role model”, je rencontre des gens au quotidien qui m’inspirent. Aurélie Mulowa (créatrice d’Entreprenoires) j’adore ce qu’elle fait, la force qu’elle met dans ses projets et l’énergie incroyable qu’elle propage. Mon équipe est hyper inspirante aussi, je puise mon inspiration de chaque être humain que je croise et qui propage une bonne énergie.
Pour suivre (et envoyer du love) à Femmes Fières c’est par ici :
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Merci beaucoup à Leïla pour sa disponibilité, son optimisme et sa motivation contagieuse. Merci de lutter pour un avenir meilleur pour toustes.
Je te souhaite pleins de belles choses pour la suite !
Adelphement vôtre,
Mélanie